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Olmo Calvo CC-BY-SA Diagonal Periódico

 

« Nous venons de camper à la Puerta del Sol de Madrid, nous ne partirons pas tant que nous ne serons pas arrivés à un accord »

Tweet de @Acampadasol 18:55 – 15 mai 2011

 

 


Après avoir critiqué les Espagnols pour ne pas avoir lutté pour ce qu’ils voulaient, certains membres de la classe politique et de l’« establishment » leur recommandent maintenant [en 2013] d’un air moqueur d’affronter la réalité : plutôt que de contester, critiquer, s’assembler, manifester, ou organiser des escraches, qu’ils concrétisent donc leurs demandes et s’organisent en parti politique qui joue le jeu de la démocratie « pour de vrai » ! Les citoyens vont les prendre au mot.

 


Podemos, dès sa création, fait un usage significatif d’internet. Non seulement Podemos est le parti le plus populaire en matière de présence sur les réseaux sociaux (réunissant plus d’un million de « j’aime » sur sa page Facebook, avec un million et demi de followers pour le profil d’Iglesias sur Twitter), mais le réseau fait partie intégrante de la structure interne de Podemos.

Podemos organise la participation par internet à travers trois grands outils :

  • Plaza Podemos (http://www.reddit.com/r/podemos/). C’est le grand forum de débat en ligne, la transposition sur le réseau des places sur lesquelles, en Espagne, les cercles se réunissent. […] Au premier semestre 2015, la Plaza compte 10 000 visiteurs par jour […]. Sur Plaza Podemos, les sympathisants proposent des idées sur le fonctionnement du parti, et publient des liens sur des nouvelles non traitées par les grands médias traditionnels […].
  • Agora Voting. Si Plaza Podemos est le forum (romain) de débats, Agora Voting est l’agora (grecque) où se prennent les décisions, où sont organisés les votes. […] C’est par son intermédiaire que sont votés les statuts du parti, les principales résolutions politiques, les programmes, les alliances post-électorales, la composition des listes électorales lors des primaires, et que sont élus les membres des organes internes du parti – sous la vérification d’observateurs externes, tels que la plateforme Agora Voting elle-même, ou encore l’association citoyenne OpenKratio […].
  • La banque de talents et le portail de participation. À partir de ses sympathisants, Podemos a créé une banque de personnes réunissant diverses capacités et compétences. On y trouve des graphistes, des charpentiers, des journalistes, des avocats, des informaticiens, des techniciens et créateurs audiovisuels, etc. qui peuvent aider ponctuellement pour l’organisation de certains événements ou lors des campagnes de diffusion et de communication.

 


Le 11 juin 2011, alors que les campements du 15-Mai étaient encore en place, avait lieu la journée d’investiture des nouveaux maires et conseillers municipaux élus le 22 mai précédent, et les indignés lançaient un appel à encercler les mairies d’une cacerolada géante. Les places où se trouvent les hôtels de ville de Madrid, de Barcelone, de Valence et de beaucoup d’autres villes se sont alors emplies de citoyens criant « ils ne nous représentent pas ». Les tout nouveaux élus ne purent quitter l’hôtel de ville que sous la protection de la police.

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Ada Colau, maire de Barcelone, le 13 juin 2015

Quatre ans plus tard, le 13 juin 2015, pour la journée d’investiture des nouveaux maires, les places de Madrid, Barcelone, Saragosse, Valence, La Corogne, Cadix, Saint-Jacques de Compostelle et de bien d’autres villes s’emplissent de citoyens emportés par l’allégresse, qui crient « Sí se puede ». À l’issue du vote d’investiture à la mairie de Barcelone, la nouvelle maire Ada Colau, très émue, remercie les citoyens « d’avoir rendu possible l’impossible ». Quelques instants plus tard, elle sort par l’entrée principale de l’hôtel de ville, où l’attendent des milliers de citoyens pour la couvrir d’une pluie de confettis. Sa première action en tant que maire est d’empêcher l’expulsion d’un logement.

 


Le cercle [Podemos Paris] n’a pas de porte-parole officiel, et il s’organise en assemblées horizontales dans lesquelles les prises de paroles sont limitées à deux minutes, donnant lieu à des échanges très dynamiques. Au-delà de la participation à des débats avec des associations et partis politiques de la gauche française, l’organisation d’ateliers autour de Syriza ou des féminismes, d’un débat entre Joan Garcés (ancien conseiller de Salvador Allende) et Frédéric Lordon, et la participation à la fête de l’Humanité, le cercle organise à Paris en septembre 2015 une rencontre des cercles situés à l’extérieur de l’Espagne et un forum sur les droits humains auquel assistent Pablo Iglesias, Juan Carlos Monedero et Louis Joinet. En outre, plusieurs de ses membres participent activement à Nuit Debout au printemps 2016.